CONSEILS DE LECTURE
Est-il nécessaire de préciser que ces « conseils de lecture » n’ont rien de « devoirs de vacances » ? Il serait mal venu d’y voir de même un « kit de survie » culturel pour cadre en mal de conversation lors du cocktail de fin d’année de son entreprise. Je ne sais si ces lectures sont utiles ; je ne sais qu’une chose : c’est qu’elles furent des moments de bonheur. Ne me croyant pas vraiment singulier, il me semble que ce bonheur peut être partagé. En vous souhaitant un tel bonheur (de lecture, et pas seulement…),
Amicalement,
Jean-Marc Gaté (Lycée Pierre Bourdieu, Académie de Toulouse)
P.S : je n'ai pu joindre un commentaire pour toutes les oeuvres, cette tâche étant infinie...cela viendra par la suite...
Classiques
Il est sans doute inutile de les présenter chacun, mais on ne devient pas un classique simplement en raison de la couche de poussière qui recouvre la reliure. Ces œuvres sont des bréviaires de vie et de style. Celui qui passe son chemin en laissera le secret à d’autres. Tant mieux !
- Rabelais, Gargantua, Pantagruel, Le Tiers livre, Le Quart Livre, Le Cinquième Livre
(Je vous recommande l’édition Presses Pocket récente, qui présente l’avantage de proposer en vis-à-vis du texte original une version modernisée, rendant ainsi l’œuvre plus accessible à la lecture)
- Montaigne, Les Essais
Cette oeuvre fut et demeure mon livre de chevet. Je m'en réserve une ultime lecture pour mes vieux jours. Un remède contre la forfanterie et la pose intellectuelles, la bêtise et la vilenie humaines. Une leçon de curiosité et de sagesse, d'amour du savoir et de la vie.
- La Fontaine, Fables
Oubliez les récitations de votre enfance : c'est une oeuvre prodigieuse, d'un style inégalé, intelligente et féroce, qui pourfend l'arbitraire du pouvoir et la vanité des passions humaines, un bréviaire d'écriture et de philosophie politique, une langue si sublime qu'elle vous décourage d'écrire.
- La Bruyère, Les caractères
La
Bruyère croque les travers de ses contemporains comme personne. Mais
ont-ils disparu les vaniteux, les fats, les foutriquets en tout genre
et de toute espèce ? Non, et c'est pour cela que cette oeuvre est
toujours aussi délicieuse.
- Madame de La Fayette, La princesse de Clèves
Il y a quelques temps, un imbécile en a dit du mal. Tant mieux, il a donné l'envie de relire cette oeuvre magnifique, qui décrit les méandres de l'âme avec toute la précision et la limpidité de la grande langue classique.
- Montesquieu, Les lettres persanes
Usbek
et Rica, deux persans imaginaires, entreprennent un voyage
philosophique vers des contrées exotiques, celles de la société
française du XVIIIème siècle. Et chacune de leurs lettres est une leçon
d'étonnement et d'humour face à l'évidence des coutumes et des
identités.
- Diderot, Jacques le fataliste, Les bijoux indiscrets
Libertines et profondes, ces oeuvres sont aussi sensuelles que philosophiques. Quand le sexe des femmes parlent (Les bijoux indiscrets), on est à la leçon et mieux qu'en écoutant bien des bouches de doctes mâles.
- Choderlos de la Laclos, Les Liaisons dangereuses
un autre bijou, aussi indiscret que le précédent. Une oeuvre qui demeure sans doute aussi brûlante qu'elle le fut à son époque, passionnante et fascinante, où l'on ne sait qui plaindre et qui accabler, car les "brebis" y sont parfois agaçantes de naïveté et les "loups", attachants en dépit (ou du fait) de leur méchanceté désespérée.
- Voltaire, Candide, Micromégas, Zadig
Piètre philosophe, divin écrivain, qui porte la satyre et l'art du conte à leur perfection. Des oeuvres d'esprit, dont les pointes et la vivacité fendent, touchent et percent. Voltaire nous manque : pourtant, notre époque a les bassesses et la violence requises par la satyre.
- Rousseau, Les confessions, Les rêveries d’un promeneur solitaire.
- Abbé Prévost, L’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
- Chateaubriand, Les mémoires d’Outre-tombe
- Musset, Confession d’un enfant du siècle
- Hugo, L’homme qui rit, les travailleurs de la mer, Les misérables
- Balzac, La peau de chagrin, Le père Goriot, Eugénie Grandet, Le colonel Chabert
- Stendhal, Le rouge et le noir, La chartreuse de Parme, Le journal d’Henri Beyle
- Flaubert, Madame Bovary, L’éducation sentimentale, Bouvard et Pécuchet, Correspondance
Outre les chef-d'oeuvre, n'hésitez pas à vous plonger dans sa Correspondance, qui est à la fois le journal d'une oeuvre et d'une âme, dont l'écriture est plus libre, plus enlevée que celle des oeuvres publiées, correspondance qui est essentielle pour qui veut approcher la matrice du style flaubertien.
- Zola, L’assommoir, Germinal, Le ventre de Paris, La curée, Nana, Le bonheur des dames, L'argent, Le docteur Pascal
Outre ces oeuvres si fortes que sont L'assommoir et Germinal et qu'il n'est pas nécessaire de présenter, je vous recommande Le ventre de Paris et La curée, qui sont moins fréquentées mais où la verve de Zola atteint son paroxysme, notamment dans les descriptions rabelaisiennes des Halles ou bien encore dans l'érotisme fantastique de la Serre (La curée). Mais aussi Nana et L'argent. Bref, toute son oeuvre, sans réserve.
- Maupassant, Une vie, Bel ami, le Horla, et toutes les nouvelles, sans exception.
Maupassant parachève le grand style du dix-neuvième siècle. Ces nouvelles sont des petits bijoux d'écriture, qui pourfendent les travers de la condition humaine et de la société bourgeoise. On peut retrouver l'intégrale de son oeuvre (à un prix acceptable) dans la collection "Bouquins".
- Proust, A la recherche du temps perdu.
Je
ne dirai rien qui vaille car ce chef d'oeuvre polyphonique ne se résume
aucunement et ne s'introduit pas en quelques phrases. Seulement pour
vous dire que l'on y entend la musique de l'âme et le ronron de nos
passions.
Contemporains
- Céline, Voyage au bout de la nuit.
Oui
pour le Voyage au bout de la nuit car c'est une oeuvre dont les
paradoxes flamboyants et tragiques éclairent l'histoire. Non, pour tout
le reste : car Céline ne fait qu'éructer sa haine d'oeuvres en oeuvres,
devenant de plus en plus pitoyable. Un test pour sélectionner
rapidement vos amis (ennemis) : Tu es fan de Céline ? S'il répond oui,
tournez les talons, c'est un sac à merde.
- Cendrars, Rhum, L’or, Bourlinguer, L’homme foudroyé, La main coupée, Le Lotissement du ciel, Moravagine.
L’œuvre d’un grand
vivant, comme dirait Nietzsche ; une œuvre intense, échevelée, qui est un appel
à la liberté et à l’aventure, portée par un style flamboyant. Je vous recommande
vivement « Bourlinguer ». Cendrars,
c'est un grand copain et un poète extraodinaire qui, comme tous les
grands poètes, écrit pour accélérer le monde et provoquer des tempêtes.
- Cohen, Mangeclous, Belle du seigneur, Le livre de ma mère.
« Mangeclous » est une des réponses les plus admirables à la barbarie fasciste de l’époque ; une œuvre pleine de fantaisies et de poésie, une œuvre qui méprise la haine et la bêtise. « Belle du seigneur » est le roman de l’amour fou. « Le livre de ma mère », une œuvre d’une rare tendresse.
- Romain Gary, Les racines du ciel, Chien Blanc, La promesse de l'aube
C'est une oeuvre qui fait face au monde, une écriture forte. "L'humanisme" de Gary- terme qu'il récuserait sans doute - n'est aucunement mièvre et on n'a pas fait grand honneur à son oeuvre en croyant la placer sous des étiquettes stupides. Ainsi, "Les racines du ciel" ne sont pas un roman "écologiste" mais plutôt ontologique, qui pose comme nulle autre la question du destin de l'homme et de son être-au-monde. "Les racines du ciel" ne sont pas une oeuvre sur la défense des espèces menacées mais sur le rêve d'un homme et d'une amitié pour le monde qui, seule, peut faire triompher l'humanité de sa barbarie, si rationnelle et utilitaire. "Chien blanc" nous met face à la haine et à la bêtise dont l'affrontement racial est l'exutoire.
- Saint-Exupéry, Terre des hommes
Toute la bouffonnerie mercantile qui a accompagné "Le petit Prince" a fini par éclipser l'oeuvre et la grandeur de celui qui en était l'auteur. "Terre des hommes" est l'oeuvre d'un grand humaniste et d'un grand poète, où se pose avec force la question du destin de notre humanité.
- Camus, L’étranger, La chute, L’exil et le royaume, La peste
Une des œuvres qui
ont fondé la modernité. Je recommande (bien sûr) « L’étranger » et « La chute »
pour la force de leur style.
- Gide, Les faux-monnayeurs, La porte étroite, Les caves du Vatican.
- Vian, L’arrache-cœur, L’écume des jours, l’herbe rouge
Des romans surréalistes et fantastiques, inclassables, livres de chevet de tout adolescent qui veut vivre, jouir et rêver.
- Malraux, La voie royale, La condition humaine.
- Giono, Le hussard sur le toit
Un grand roman épique moderne porté par une écriture sublime.
- Gracq, Le rivage des Syrtes
- Duras, Le barrage contre le Pacifique, L’amant, la douleur, Moderato cantabile, Le ravissement de Lol.V.Stein, Le marin de Gibraltar
Un des grandes voix de la modernité. « La douleur » est une œuvre absolument bouleversante. Une œuvre juste, profonde et habitée.
- Robert Antelme, L’espèce humaine
Une œuvre témoignage sur les camps de concentration, à la fois terrible et révoltée, qui oppose à la barbarie une humanité ineffaçable.
- Yourcenar, L’œuvre au noir, Les mémoires d’Hadrien
Des romans érudits et passionnants qui donnent vie à l’histoire. Une grande écriture.
- Colette, La maison de Claudine, Sido
- Queneau, Zazie dans le métro
- Butor, La modification
- Claude Simon, Le vent, L’herbe
- Michel Leiris, l’âge d’homme
Un récit autobiographique sans fard qui tente d'affronter notre vérité nue et d'approcher l'imaginaire intime qui nous habite.
- Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique
Une version très poétique et intelligente du mythe de Robinson Crusoé, qui renverse la logique du bonheur individualiste (et colonialiste) du mythe originel, et découvre la figure de Vendredi, de l' "autre", comme la seule capable de nous sauver de notre solitude.
- Le Clézio, La ronde et autres faits divers.
- Perec, W ou le souvenir d’enfance, La disparition
W est une œuvre bouleversante qui oscille entre le conte pour enfants et le cauchemar de l’histoire. « La disparition », une œuvre défi : ou comment écrire une œuvre entière sans jamais employer la voyelle « E ».
- Pennac, Au bonheur des ogres, La fée carabine, La petite marchande de prose, Monsieur Malaussène, Comme un roman
Les
romans de Pennac se lisent comme l'on mange une friandise, d'autant
plus délicieuse qu'on l'a cachée ou bien volée. C'est drôle, pétillant,
tendre et farcesque. Pennac est un conteur qui tisse une complicité
amicale avec son lecteur. Bref, c'est une sorte de copain, qu'on
retrouve avec plaisir surtout les jours sombres où l'humanité ne sait
pas laver les dents.
- Magnan, La maison assassinée, L’arbre, les charbonniers de la mort, La naine.
Un écrivain injustement méprisé, peut-être parce que ses préoccupations n'étaient pas celles d'une potiche du 3ème arrondissement. Injustement aussi classé dans le genre "littérature régionale" (comme Giono), ce qui est une ânerie. Bref, de beaux romans, bien écrits, dont les histoires sont haletantes. Apparemment, ces attributs sont aujourd'hui des défauts pour ceux qui " font la littérature".
- Hubert Mingarelli, Quatre soldats, Une rivière verte et silencieuse, La lumière volée, Des hommes sans mère
Un romancier contemporain quasi ignoré (sans doute parce qu'il ne court pas les salons ou n'est pas normalien) qui, selon moi, mériterait le prix Nobel de littérature, du fait de l'extrême singularité de son univers et de son écriture. Je n'ai, à vrai dire, jamais lu quelque chose d'aussi différent, dans tous les sens du terme. Je le recommande vivement.
- Marie N’diaye, Trois femmes puissantes, Autoportrait en vert, En famille, Une femme changée en bûche, Un temps de saison, Ladivine.
Un des plus grands écrivains de notre époque. L'univers de Marie N'diaye est très singulier et évoque aussi bien Marguerite Duras que Faulkner, Kafka ou encore les grands romanciers russes. Son style tranche avec la médiocrité des romans contemporains, creux et ineptes.
- Pierre Michon, Les vies minuscules, Rimbaud le fils, La grande Beune, Les Onze.
Une écriture flamboyante, des périodes classiques éclatantes, un souffle épique et lyrique si loin des écritures anorexiques à la mode. Pierre Michon est le grand écrivain français contemporain. La vie est toujours "minuscule" mais Michon y puise des odyssées puissantes et tragiques. "Rimbaud le fils" n'est pas le "tombeau" du poète : cette oeuvre, au contraire, le dresse vivant, insoumis, par la magie d'une écriture fulgurante, qui frappe et éclate. Michon, c'est Bossuet avec des gants de boxe.
- Robert Louis Stevenson, L’île au trésor.
Cette
oeuvre est une matrice et combien d'autres oeuvres ont surgi de son
ventre ! Car dans les interstices de cette carte au trésor, c'est tout
un imaginaire romanesque, fantastique, métaphysique qui fourmille.
Alors, partez vous aussi à la chasse et trouvez le trésor littéraire
qui convient à votre âme.
- Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles, La chasse au Snark.
Alice n'est pas uniquement un récit merveilleux et fantasque. C'est aussi une grande oeuvre de logique et tel était d'ailleurs le projet de Lewis Carroll qui voulait initier les enfants aux paradoxes logiques au gré de cette fable. C'est pourquoi on peut lire cette oeuvre de bien des manières et je crois qu'elle est loin d'avoir livrée tous ses secrets. "La chasse au Snark" est une oeuvre épique, poétique, fantaisiste et libre.
- Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray.
Une œuvre saisissante et fantastique, où comment la vérité rattrape celui qui croyait pouvoir se fuir et construire sa vie sur le mensonge et le vice. Délicieux.
- Steinbeck, Des souris et des hommes, les raisins de la colère, Rue de la sardine.
L’un des fondateurs du grand romain américain. Une œuvre âpre et engagée, qui affronte la violence du réel et figure une souffrance, une vérité et une poésie, que la société ignore ou qu’elle apprête. Dire qu’il s’agit de « romans sociaux » est à la fois juste et inexpressif : Steinbeck conduit son lecteur sur des chemins étranges, ceux d’une poésie où seule la désespérance peut nous conduire. Ce ne sont donc pas des romans « réalistes » mais vrais et cette vérité-là ne tient pas discours ; elle se laisse deviner et demeure, telle que ceux qui la portent, résolument sauvage.
- Melville, Bartelby, Moby Dick
Outre « Moby Dick », cette œuvre-univers, authentique épopée et tragédie moderne, Melville est l’auteur de ce petit bijou de nouvelle : « Bartelby », qui est demeurée « culte », s’il est permis de s’exprimer ainsi. « Bartelby » est devenu un mythe et l’emblème de l’individu moderne, autant que la « Métamorphose » de Kafka. « Bartelby », c’est la liberté en mode mineur mais qui fait tout éclater, c’est le refus de se plier à l’ordre sans chercher à l’affronter, le refus de livrer son secret et d’endosser le costume. Le lecteur ne pourra jamais oublier l’hymne du personnage : « I would prefer not to » (je ne préfèrerais pas), ce que Bartelby répond invariablement, toutes les fois où on lui demande de faire ses devoirs, de se plier à l’ordre commun.
- Conrad, Au cœur des ténèbres, Lord Jim, Un paria des îles
Le grand romancier de l’aventure et des ténèbres humaines, qui entraîne l’homme aux limites de son ignorance. « Au cœur des ténèbres » inspirera l’interprétation très libre qu’en propose Francis Ford Coppola dans son film, « Apocalypse Now », ces deux chefs-d’œuvre entrant dans un dialogue métaphysique. C’est sans doute l’œuvre la plus aboutie de Conrad, celle qu’il faut avoir lue.
- Virginia Woolf, Les vagues, Orlando.
Une écriture splendide où l’âme se mêle au réel et perce l’objectivité des choses pour laisser apparaître la fragilité de nos certitudes, la vulnérabilité de nos cœurs. Les œuvres ne sont pas des « posologies » mais à ne pas lire toutefois si l’on cherche à distraire sa tristesse. Virginia Woolf sait creuser la surface des choses pour laisser sourdre la mélancolie qu’elle recouvre.
- Faulkner, tout et notamment : Le bruit et la fureur, Tandis que j’agonise, Sanctuaire, Lumière d’août.
L’un des grands fondateurs de la littérature moderne. Une œuvre puissante, violente, portée par un souffle épique, où les « stream of consciousness », les « courants de conscience » se déploient comme autant de mondes, âpres, sensuels ou tragiques, qui se mêlent et s’affrontent. Pour qui veut découvrir cette œuvre génialissime, je conseillerais de commencer par Lumière d’août.
- Joyce, Les gens de Dublin, Ulysse.
De James Joyce, on peut dire qu’il est un de ceux qui ont accouché la littérature moderne. « Ulysse » est l’épopée d’une conscience dans le temps d’une seule journée où les moindres variations de la conscience deviennent une aventure. Comment oublier ces pages où l’on suit la transfiguration fantastique du monde par une conscience fortement alcoolisée ! « Ulysse » n’est pas un simple roman mais une expérience totale, métaphysique.
- Hemingway,
L’adieu aux armes, Pour qui sonne le glas, Paris est une fête.
- Dos Passos, Manhattan Transfer.
- Malcom Lowry, Au-dessous du volcan.
Un roman poétique et désespéré, où la recherche de soi confine à l'égarement, dans les volutes méphitiques de l'alcool.
- Toni Morrison, Beloved, Paradis, Un don.
Une grande plume de la littérature américaine contemporaine. Un style faulknérien, envoûtant ; une oeuvre sur la condition des noirs et la misère de ceux que le spectacle de la société ignore.
- Timothy Findley, Le dernier des fous.
- Kerouac, Sur la route.
Le roman de l’errance moderne, hymne à la liberté et à la marginalité. Des personnages dont le désir demeure irrésolu et qui refusent de se rendre.
- Jim Harrison, Wolf.
Dans la veine des romans « on the road », « Wolf » est un récit de l’errance, du retour impossible à la nature et de la lutte avec l’ange. Jim Harrison cherche les chemins et les sources oubliés.
- Collum Mac Can, Les saisons de la nuit.
Une plongée dans les entrailles de la ville, dans les entrailles du rêve américain et de ceux qui en sont rejetés.
- Don Dellilo, Americana
- Thomas Pynchon, Vente à la criée du lot 49, Vineland.
L’un des grands romanciers de la fin du XXème siècle. Une œuvre aussi mystérieuse dans ses linéaments que l’existence même de son auteur. Malheureusement, elle est affreusement traduite en français ! Ce qui est scandaleux.
- Tom Sharpe, La grande poursuite, Wilt I et II.
« La grande poursuite » est un roman loufoque, où le pire est toujours possible et où, de fil en aiguille, personne ne contrôle plus du tout la situation. « Wilt » est l’aventure grotesque d’un prof de littérature qui voudrait supprimer son épouse et s’y prépare en répétant le meurtre avec une poupée gonflable… Tout un programme.
- David Lodge, Un si petit monde.
Le romancier contemporain de « l’humour » anglais. Lodge saisit comme personne la bêtise, les appétits grossiers et la pauvreté d’esprit et de cœur, que dissimulent les habits d’apparat. Loin de tout cynisme, ses romans jouissent de la farce de nos contradictions qui, dans un même flux de pensée, conduisent un brillant universitaire à méditer sur la rhétorique médiévale comme aux moyens de séduire une étudiante ou de supprimer ses collègues rivaux.
- Kennedy O’Toole, La conjuration des imbéciles
Un roman farcesque dont le personnage principal est un bouffon de carnaval, à la fois désopilant et horripilant, le frère de Mangeclous et de Bartelby. Une satire féroce de la société moderne et de ses conventions, notamment de la plus sacrée de toutes : le travail !
- John Irving, L’épopée d’un buveur d’eau, Le monde selon Garp.
Dans la droite ligne du roman initiatique américain, Irving nous fait le récit de vies fantaisistes, submergées par les désordres de l’existence, désespérées et comiques, ordinaires et extraordinaires. Ses personnages sont haut en couleurs, piqués et attachants, héros bouffons d’un monde qui voudrait que l’on vive et meurt sans grandiloquence.
- Paul Auster, La musique du Hasard, Monsieur Vertigo, Léviathan, L’invention de la solitude, la Trilogie new-yorkaise.
Un des plus grands romanciers américains de la fin du vingtième siècle. Des personnages esseulés et en quête de sens dans des villes-univers, qui se débattent avec l’énigme du monde et de l’existence, commis de l’absurde et d’une beauté que rien ne peut épuiser.
- J.M Coetzee, En attendant les barbares.
- Tristan Elgolf, Le seigneur des porcheries
Le grand roman des invisibles, des ignorés, des loosers, qui se rappellent à ceux qui les méprisent. Une révolte épique et ubuesque, mordante et joyeuse, un roman qui retourne nos poubelles pour traquer la vie, au milieu de nos fatras et de nos postiches.
- Jonathan Coe, Testament à l’anglaise
« Testament à l’anglaise » est un roman entre Agatha Christie et le Cluedo, une satire de la société anglaise de l’ère thatchérienne absolument délicieuse, qui dresse une galerie de portraits de tous les affreux du monde contemporain. Un roman désopilant et salvateur.
- H. Selby JR, Last exil to Brooklyn.
- Tom Wolfe, Le bûcher des vanités, Un homme, un vrai.
Les romans de Wolfe sont des œuvres-mondes absolument jubilatoires. Wolfe y brosse le spectacle féroce et truculent des travers de notre modernité, sa bêtise, son ridicule et ses hypocrisies. Ces deux romans figurent l’ascension et la descente aux enfers de deux VIP, entraînés malgré eux dans une déchéance qui ne semble jamais s’arrêter. On s’y amuse comme à la foire et on en redemande.
- Cormac Mac Carthy, La route, Méridien de sang.
Une grande révélation de ces dernières années. Des romans âpres et noirs, aux accents faulknériens. Dans « la route », un père et son fils tentent de survivre dans un monde dévasté. « Méridien de sang » est un étonnant western crépusculaire, poétique et violent, qui n’est pas sans évoquer les univers de Sam Peckinpah.
- Philip Roth, La pastorale américaine, J’ai épousé un communiste, La tâche.
Il s’agit d’une trilogie mais on peut les lire séparément. Ces trois romans (et surtout le premier) sont des chefs –d’œuvre de la littérature contemporaine. Un style qui peut s’enflammer et un portrait terrible de l’Amérique moderne. Le souffle de Philip Roth est unique.
- Carson Mac Cullers, La ballade du café triste, Le cœur est un chasseur solitaire.
Parmi les plus belles nouvelles de la littérature mondiale. Des œuvres poétiques et énigmatiques, une écriture forte et pudique, qui peint de grandes âmes.
- John Williams, Stoner.
Ce grand roman, publié en 1965, était injustement tombé dans l'oubli avant d'être redécouvert ces dernières années et de connaître un succès planétaire. Stoner, le personnage principal, est une sorte de Bartelby moderne, amoureux des Lettres et incapable de se servir de la culture comme d'un instrument de pouvoir, aux prises avec la méchanceté d'un monde universitaire, où la bêtise est reine, comme partout ailleurs.
- Russel Banks, De beaux lendemains
Une tragédie racontée selon les points de vue de plusieurs victimes. Une oeuvre forte et bouleversante, qui affronte la question de la fatalité et du mal.
- Mordecai Richler, Solomon Gurski.
Une épopée foisonnante et burlesque, dans la veine des oeuvres-monde de la littérature américaine.
- Jean Hegland, Dans la forêt.
Alors que le monde est détruit, deux soeurs tentent de survivre dans leur maison perdue au beau milieu de la forêt californienne. Une histoire d'amour et de vie, un hymne à la nature et aux émotions perdues.
- Bruce Machart, Le sillage de l'oubli.
Une
fresque familiale sur plusieurs générations au temps des grandes
plaines. Une écriture aussi puissante que les personnages qu'elle
incarne. Je vous le recommande vivement.
- Jorge Luis Borges, Fictions, l’Aleph, Le Livre de sable, Rose et bleu.
Chaque nouvelle de Borges est un monde de soi, où le fantastique côtoie l’érudition, où l’intelligence est présente à chaque page. C’est une lecture qui vous illumine et il s’agit d’une des œuvres les plus remarquables du XXème siècle.
- Cortazar, Les armes secrètes, Cronopes et fameux
L’autre grand maître du fantastique sud-américain. « Les armes secrètes » est un modèle du genre : dans ces nouvelles, le réel et l’imaginaire, le normal et le fantastique, se mêlent insensiblement jusqu’à ce que l’on glisse définitivement, irrémédiablement, de l’un vers l’autre. Et d’homme ordinaire que l’on était, on devient ici l’esclave sacrifié d’un temple inca, là une bestiole derrière la vitre d’un aquarium. Cortazar saisit ces moments incertains où la réalité tremble sur ses fondements puis, soudain, se renverse.
- Alejo Carpentier, Le siècle des Lumières, Concert baroque, La guerre du temps, Le partage des eaux.
Un des plus grands romanciers caraïbes du vingtième siècle. C’est une œuvre monde que celle-là, qui nous entraîne dans la luxuriance des jungles et de l’histoire. Une langue sublime.
- Garcia Marquez, Cent ans de solitude, De l’amour et autres démons, La triste histoire d’Erendira et de sa grand mère diabolique.
- Amado, Suor
- Miguel A.Asturias, Le pape vert, Vendredi des douleurs
- Vargas Llosa, La ville et les chiens, La maison verte, La fête au bouc.
- Antonio Munoz Molina, Pleine Lune.
- Augusto Roa Bastos, Fils d’Homme.
- Quiroga, Contes d’amour, de folie et de mort (nouvelles)
- Alvaro Mutis, Illona vient avec la pluie, La neige de l’Amiral.
- Carlos Fuentes, La mort d’Artemio Cruz
- Francisco Coloane, Tierra del Fuego.
Littérature portugaise
- Fernando Pesoa, Le livre de l’intranquillité.
Le grand romancier et poète portugais. « Le livre de l’intranquillité » est un journal de vie, qui saisit avec poésie et finesse les variations de la conscience et figure autant l’infinie délicatesse et richesse du réel que la distance qui nous en sépare à jamais. Une œuvre magnifique.
- José Saramago, Caïn
Une reprise satirique du mythe biblique, qui en interroge la cruauté. Caïn se révolte contre un dieu sans cœur, qui s’amuse de l’humanité comme d’un jouet. Une révolte contre la bêtise, serait-elle sacrée.
Littérature italienne
- Dino Buzzati, Le désert des Tartares.
Un des grands romans qui pose la question du sens de l’existence, de façon terrifiante. Nous attendons tous quelque chose, que ce soit les Tartares ou tout autre chose. Et parfois l’on passe sa vie à attendre ce qui jamais ne se produira, ou bien qui se produira trop tard…
- Italo Calvino, Le baron perché, Le vicomte pourfendu, Le chevalier inexistant, Cosmicomics, Temps zéro, Les villes invisibles, La grande bonace des Antilles, Palomar.
Un de ces écrivains qui sont chers à mon cœur. « Les villes invisibles », pour sa puissance d’évocation et sa poésie, est l’œuvre que j’emporterais sur l’île déserte, tel Robinson, s’il fallait n’en choisir qu’une. Je recommande tous ses autres récits et ses nouvelles qui sont grandioses.
- Antonio Tabucci, Nocturne indien.
Un beau roman d’amour et de nostalgie.
- Umberto Eco, Le nom de la rose, Le pendule de Foucault.
Ce ne sont pas des romans mais des festins pour curieux et érudits ! Des cavernes d’Ali Baba qui vous entraînent dans le labyrinthe palpitant du savoir et de l’histoire.
- Primo Levi, Si c’est un homme, La Trêve.
L’un des grands témoins de l’horreur concentrationnaire. « Si c’est un homme » est une œuvre juste et forte, où l’intelligence fait face à la barbarie sans lui faire don de la douleur dont elle voudrait jouir.
- Carlo Levi, Le Christ s’est arrêté à Eboli.
- Malaparte, La
peau, Kaputt
La peau est un roman terrible
dans le contexte de la libération en Italie, qui nous dévoile avec force la
noirceur de l’âme humaine. Kaputt
est une errance dans l'Europe de la seconde guerre mondiale, traversée
d'images hallucinatoires, dignes de Jérôme Bosch. Malaparte produit des
fresques terrifiantes et splendides. Un des plus grands écrivains de la
littérature mondiale.
- Kafka, Le procès, Le château, La métamorphose et autres nouvelles.
Kafka est un des romanciers qui, avec Proust, Joyce et Faulkner, ont ensemencé toute la littérature moderne. Ses nouvelles et ses romans font surgir le caractère fantastique et absurde de la condition de l’homme moderne, cet homme ritualisé par le travail et la norme, qui veut continuer de les honorer, serait-il dans l’incapacité de le faire, car soudain changé en cafard, cet homme qui est coupable et qui n’a jamais commis de crime, qui cherche un chef, un roi, un père, un dieu obstinément et ne trouve jamais qu’un ordre vide, celui que dessine son désir de servir et d’être aimé.
- Thomas Mann, Mort à Venise, La montagne magique.
L'un des très grands maîtres de la littérature allemande moderne. Mort à Venise
est une oeuvre sublime, portée par une écriture subtile et lyrique.
Pour une fois, on conseillera l'adaptation cinématographique de
Visconti, qui magnifie le roman.
- Stefan Zweig, La confusion des sentiments
De Zweig, il faut tout lire et notamment celui-là. Mais aussi ces essais biographiques, absolument passionants et vibrants d'humanité, qui interrogent autant le passé que notre modernité. Tout particulièrement : Erasme et Conscience contre violence (sur la dictature de Calvin à Genève).
- Rilke, Lettre à un jeune poète
- Alfred Döblin , Berlin Alexander Platz
- Hermann Hesse, Siddharta, Le loup des steppes.
Siddharta
a marqué les esprits de l'époque (pour le meilleur et pour le pire). Et
pour une juste raison : c'est un roman d'une pureté métaphysique rare,
ciselé comme un diamant et qui donne à son lecteur un désir intempestif
de vérité et de sagesse.
- Sebald, Les émigrants, Les anneaux de Saturne.
- Bernard Traven, Le vaisseau des morts.
Traven est-il seulement allemand ? Lui qui s'est tant voulu américain et nous offre avec le "Vaisseau des morts" un vrai roman US, noir, réaliste et désespéré.
- Max Frisch, Stiller.
- Fritz Zorn, Mars.
Une oeuvre terrible : un combat contre la maladie et l'absurdité qui se loge au coeur du tragique.
- Dostoïevski, Crime et châtiment, Les frères Karamazov, L’idiot.
La lecture, « jeune », de « Crime et châtiment » fut un véritable éblouissement : une œuvre terrible où l’on se perd dans le labyrinthe d’une conscience, qui ne peut échapper à sa culpabilité. L’œuvre de Dostoïevski est d’une puissance d’évocation inégalée et figure les contradictions métaphysiques qui déchirent les âmes et les cœurs. « Les frères Karamazov » donne à ces contradictions la forme d’un combat quasi mythologique.
- Gogol, Le journal d’un fou et autres nouvelles.
Une
seule nouvelle me revient en mémoire : un jour vous vous réveillez puis
constatez que vous avez perdu votre... nez. Nul plus que Gogol
n'incarne à ce point l'imaginaire fantastique et burlesque russe.
- Boulgakov, Le maître et Marguerite.
Une œuvre folle, poétique, éblouissante, qui mêle une histoire d’amour, l’apparition farcesque du diable à Moscou et l’histoire des évangiles, celle de Ponce Pilate ne sachant que faire d’un pauvre type nommé Jésus Christ, petit malfrat charlatanesque et sans envergure, qu’il faut sacrifier pourtant aux foules avides de spectacle et de sang.
- Tolstoï, Guerre et paix
Une oeuvre fleuve, épique, grandiose, qui embrasse l'histoire, la grandeur et la folie des hommes.
- Nabokov, Lolita, La défense Loujine
« Lolita » est le roman scandaleux par excellence, sulfureux et naïf à la fois. Oubliera-t-on l’écriture qui le porte ? Niera-t-on le plaisir sensuel que l’on éprouve à le lire ? A déconseiller aux âmes pudibondes.
- Mishima, Le pavillon d’or
- Abe Kobo, La femme des sables, Cahier Kangourou
- Kawabata, Pays de neige, Le Lac, Le grondement de la montagne
Littérature indienne
- Salman Rusdhie, Les enfants de Minuit
- Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être, La valse aux adieux, Le livre du rire et de l’oubli, Risibles amours
- Hrabal, Une trop bruyante solitude.
Littérature africaine
- Emmanuel Dongala, Le feu des origines, Les petits garçons naissent aussi des étoiles.
- Birago Diop, Les contes d’Amadou Koumba.
- Baudelaire, Les fleurs du mal
- Rimbaud, tout
- Verlaine, tout
- Victor Hugo, notamment Les contemplations, La légende des siècles
- Apollinaire, tout et notamment : Alcools
- Desnos, Fortune
- Eluard, tout
- Cendrars, La prose du Transsibérien
- Tardieu, tout
- Michaux, entre autre : Plume
- Jules Laforgue
-Antonin Artaud
- Supervielle
- Senghor
-Edouard Glissant
- Edgar Allan Poe, les Nouvelles histoires extraordinaires.
Tout vient de Poe (et tout y retourne), avec sans jeu de mots. Une œuvre saisissante. Je recommande tout particulièrement la nouvelle intitulée « Le masque de la mort rouge ».
- Huysmans, Là-bas
- Jean Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse
L’un des grands classiques de la littérature fantastique : possessions, diableries et tout le fourbi.
- Lewis, Le moine.
Un gentil petit moine, promis à la sainteté, se découvre de folles passions. Et alors là, on peut dire qu’il a ouvert la boîte de Pandore…pour les délices du lecteur…
- Hoffmann, Les élixirs du diable.
Un des grands classiques du genre. Une écriture splendide et une œuvre envoûtante.
- Lovecraft, toutes les nouvelles et notamment : Par-delà le mur du sommeil, La couleur tombée du ciel, Dans l’abîme du temps
LE grand maître du fantastique. Je veux dire par là que Stephen King à côté, c’est la comtesse de Ségur. Les nouvelles de Lovecraft sont hantées par des puissances diaboliques, innommables, aussi fascinantes qu’elles sont terrifiantes. Son génie est de leur donner réalité au point d’ailleurs d’avoir inventé une « langue » propre à ces puissances venues des ténèbres. Son destin fut d’y avoir tant cru lui-même, qu’il finit fou à lier. La force de cette œuvre tient aussi à une grande écriture classique, ce qui tranche avec la pauvreté stylistique dont ce genre littéraire est accablé aujourd’hui.
- R. Matheson, Je suis une légende
Comme souvent, le roman est bien supérieur au navet qu’en a fait Hollywood. Richard, le personnage principal, est seul, dans une ville où tout le monde s’est transformé en vampire. Le soir, il se barricade, entoure sa maison d’ail (comme de bien entendu), écoute Ravel à fond et picole pour oublier. La question qui s’impose est la suivante : est-il le dernier des hommes ?
- Stephen King, Ca, Misery, Shining
Là,
je dois me confesser et me repentir. Longtemps, j'ai méprisé Stephen
King et, comme tous les cuistres bien sûr, sans jamais en avoir
seulement lu une seule ligne. Qu'est-ce que l'on peut être bête parfois
! Et puis je me suis plongé dans Ca
et ce fut une régalade. Peu d'écrivains ont restitué avec autant de
justesse le monde de l'enfance, ces mystères, ces rites et ces
terreurs. Stephen King a compris que les enfants seuls ouvrent les
portes : les portes de l'élémentaire dont notre rationalité croit avoir
triomphé. Et puis ne croyez pas qu'il s'agit de grosses ficelles. Ou
plutôt, oui, ce sont des grosses ficelles mais King saisit
intuitivement toutes les formes structurales de l'imaginaire humain et
de ses terreurs. Pour ceux donc qui voudraient sérieusement se pencher
sur son oeuvre, s'y logent les paradigmes d'une anthropologie de toutes
les formes primitives de notre... "Ca"....
- B. Lenteric, La nuit des enfants rois
Un bon roman : des enfants surdoués sont rassemblés pour faire le bien. Mais cela tourne mal, car l’intelligence n’est aucunement un rempart pour la méchanceté. Et la première, dans ce cas, décuple la seconde…
- David Bessis, Sprats.
Curieux journal d'un homme qui se débat avec des tentacules ayant fleuri sur son ventre. Oeuvre sur la monstruosité et son approche clinique. Drôle et caustique.
- Georges Orwell, 1984
Orwell est le maître de l’anticipation, genre qui n’invente pas tant un futur qu’il nous prévient contre lui. 1984 nous plonge dans une société totalitaire, où les individus sont sans cesse soumis à l’œil du pouvoir, dépouillés de toute liberté, jusques dans les expressions les plus intimes de leur conscience et de leur sensibilité. Peut-on échapper à « Big Brother » ? Comment lutter contre une société qui déconstruit sans cesse son histoire et son langage ? Un roman terrible sur la vulnérabilité de l’individu face au pouvoir.
- P.K.Dick, (le maître) tout et notamment : Ubik, Le maître du Haut château, Le dieu venu du centaure, Substance Mort, A rebrousse temps, Blade Runner
Tout le monde connaît K. Dick, sans le connaître, car ses œuvres ont inspiré nombre de films hollywoodiens (Blade Runner, Minority report, Total recall, etc.). Le génie de Dick est de semer continuellement le doute sur l’évidence du réel. Ses personnages éprouvent jusqu’au vertige la fragilité de nos croyances les plus fondamentales : puis-je vraiment être sûr que ce que je perçois est bel et bien réel ? Suis-je vraiment si certain d’être vivant ? Ce corps que je sens est-il mon corps ? Métaphysiques (mais jamais ennuyeux), ses romans posent la question des fondements de notre expérience et de notre humanité, au miroir de nos machines.
- Frank Herbert, le cycle de Dune.
Un des très grands classiques de la SF. Le cycle de Dune est une véritable épopée, l’histoire fourmillante de mondes et de dynasties, servie par les connaissances de Herbert en anthropologie et philosophie. Une de ces œuvres inépuisables.
- Asimov, Fondation, Empire et fondation, Seconde Fondation, le cycle des robots.
Un des autres grands maîtres de la SF. Le cycle de Fondation compte parmi les chefs d’œuvre du genre. Au moment où l’empire galactique s’effondre, un mathématicien, qui a logicisé les lois de l’Histoire et peut prévoir le devenir de la civilisation, cherche à prévenir ce désastre en posant les germes d’une civilisation à venir, « Fondation », qui devra surmonter un certain nombre de crises que son calcul a anticipé…
- Tolkien, Le seigneur des anneaux
Que pourrait-on en dire que l’on ne sache déjà ? Sauf peut-être que le roman est d’une richesse et d’une fantaisie que la trilogie cinématographique ne pouvait embrasser. Donc à lire, en faisant mine (toutefois) d’ignorer l’arrière-fond raciste de cette œuvre…
- A C Clarke, 2001, l’odyssée de l’espace, Rendez-vous avec Rama, Les enfants d’Icare
Un autre grand maître de la SF. Une œuvre fondatrice à tous points de vue. « 2001 » est sans doute l’un des romans de la fin du XXème siècle qui pose de façon décisive la question du destin métaphysique de l’homme, de son pouvoir et de sa capacité à transcender sa propre puissance.
- Daniel Keyes, Des fleurs pour Algernon.
Un
seul livre et un chef d'oeuvre. Si il y a quelque chose qui n'est pas
si fréquent dans la SF, c'est l'émotion. Et là on a du mal à retenir
ses larmes. C'est poignant, terrible, pathétique. Et puis, ce fut mon
premier roman de SF, conseillé par ma professeure de français en
cinquième (dont j'étais amoureux). Tout ça pour dire qu'il y a des
oeuvres, comme celle-là, qui pour vous gardent à jamais une saveur à
nulle autre pareille.
- Clifford D. Simak, Demain les chiens.
Une oeuvre toute en subtilité sur la mélancolie d'une humanité disparue, dont seuls les chiens et un fidèle robot entretiennent le souvenir. Et cette nostalgie dont l'homme est l'objet nous met face à notre contingence, notre pauvreté de coeur et d'esprit, notre médiocrité aussi.
- Greg Egan, Axiomatique.
Un
recueil de nouvelles, toutes plus intelligentes les unes que les
autres, et qui interrogent l"énigme du réel, de la conscience de soi,
de la mort, bousculant nos certitudes établies. Brillant et
passionnant.
- Romain Lacuzeau, Latium
Un grand roman cosmologique et métaphysique : L'humanité s'est éteinte et les machines intelligentes, qui trouvaient en elle leur raison d'être, doivent s'inventer un destin pour ne pas sombrer dans la folie. C'est une Odyssée et, comme dans toute Odyssée, l'aventure est une quête de soi et une lutte avec soi-même, où s'affrontent le rationnel et le sensible, la logique et la foi, l'idéalisme et le cynisme. "Dieu est mort". Comment lui survivre ?
- Walter Trevis, L'oiseau d'Amérique.
Un
roman bien plus profond qu'il n'y paraît au premier abord. Une vision
très ironique de la modernité et du destin de l'humanité, à la fois
condamnée mais - en un sens - sauvée par la folie poétique d'un robot.
Il y est question de la mort, de la mémoire, de l'oubli et de l'amour,
tout se condensant dans un seul acte : lire. La toute fin est,
disons-le, très belle, mais seuls la connaîtront ceux qui prennent
plaisir à lire, justement.
- Jean-Marc Ligny, Exodes, Aqua
Ligny écrit des sortes de dystopies écologiques : nous sommes demain (oui, demain) ; les climats sont bouleversés et l'humanité se divise entre ceux qui ont (croient avoir) les moyens d'échapper à ces bouleversements et les autres, les pauvres qui, eux, les subissent de plein fouet. Et chacun d'essayer de passer entre les orages surpuissants, les tornades, d'échapper à la sécheresse, aux incendies, à la moisine (une charmante petite plante OGM que rien ne peut éradiquer et qui provoque des inflammations quand on la touche), enfin et surtout, aux AUTRES : dont il n'est rien à attendre, surtout pas de l'aide. Bref, c'est totalement réjouissant et il n'y a pas d'issue. Je me régale.
- Elan Mastai, Tous nos contretemps
Un grand classique : le voyage dans le temps, mais traité avec beaucoup d'humour et de dérision. Car LE problème est toujours le même : changer le passé, c'est abolir le présent et lui en substituer d'autres. Or, cela implique, à bien y penser, de supprimer des milliasses de vies humaines ! Seulement, quand on aime, qu'est-ce qu'on en a à faire du sort de l'humanité ? Il y a des choix qui, décidemment, ne sont pas faciles.
- Jack Finney, Le voyage de Simon Morley
Encore un voyage dans le temps, et qui, comme le précédent, est prétexte à tout autre chose. Car ce roman de SF est surtout l'occasion d'une promenade nostalgique dans le New-York de la fin du XIXème siècle. On se promène à Central Park dans des landeaux, on grimpe dans la main de la statue de la Liberté qui n'est pas encore construite, on rêve sous un réverbère à gaz en suivant la robe froufroutante d'une belle inconnue. Elle existe la machine à remonter le temps : c'est la littérature !
- Jean-Philippe Jaworski, Gagner la guerre
Un peu d'héroïc fantasy au passage, et rien n'y manque : ni les capes, ni les épées, ni les intrigues, ni la magie. Et tout ça dans un style enlevé, plein de gouaille, de verve et de trouvailles. Un seul regret : c'est très masculino-centré, dirons-nous. Les femmes n'y abondent pas ou plutôt elles font potiche. Ben alors Jean-Philippe, on ne s'est jamais pris une branlée par une Amazone un soir de pleine lune au coin d'un bois ?
- Adrian Tchaikovsky, Dans la toile du temps
C'est
une SF originale et très réussie. De formation zoologique, Tchaikovsky
trame un récit évolutionniste, l'avénement d'un monde intelligent
singulier, ordonné selon une sensibilité étrangère à l'homme. Et
" tramer " doit ici se prendre à la lettre, car il s'agit des
araignées. Il y a une image dans la toile comme il y a une "
image dans le tapis " chez Henry James ; il s'agit d'une leçon de
sagesse donnée par l'animal, celle d'une volonté de survie qui passe
par d'autres moyens que la domination et l'élimination de l'autre. Une
leçon que l'humanité ne peut recevoir que malgré elle, dans la défaite.
La civilisation parfaite ne sera pas celle des babouins, qu'on se le
dise.
Mais aussi :
- A. Bester, L’homme démoli
- J. Brunner, Le troupeau aveugle
- J.Brunner, Tous à Zanzibar
- J. Ballard, Vermillon Sands, Crash, La forêt de cristal, Le monde englouti, L’île de béton
- D.Simmons, Hypérion, La chute d’Hypérion, L’échiquier du mal.
- S. Delany, Nova
- Le Guin, tout et notamment : La main gauche de la nuit, Les dépossédés
Ursula
Le Guin écrit des romans expérimentaux qui mettent à l'épreuve les
possibles humains, qu'il s'agisse des formes de gouvernement, de
l'identité sexuelle, des liens familiaux ou bien des relations
familiales. Quel destin aurait une société qui actualiserait pleinement
les principes de l'anarchie ? Quelles en seraient les limites et les
contradictions ? Quelle serait la forme des relations humaines sans la
différence des sexes ? On a rarement posé avec autant de subtilité la
question qui inaugure toute littérature : Et si .... ?
- M. Jeury, Le temps incertain
- C. Priest, Le monde inverti
- O.S Card, La stratégie Ender, La voix des morts, Xénocide
- G.Wolfe, L’ombre du bourreau, La griffe du demi-dieu, l’épée du licteur, La citadelle de l’autarque, Le nouveau soleil de Teur
- C. Smith, Les seigneurs de l’instrumentalité
- J.Vance, Le Chasch, le Wanleh, Le Dirdir, Le Pnume
- M.Resnick, Kirinyaga, une utopie africaine
- A.Volodine, Rituel du mépris, Songes du Mevlido, Dondog
- Serge Lehman, Le livre des ombres
- P.Bordage, Les guerriers du silence
-P. Curval, La forteresse de coton
- N. Merjagnan, Les tours de Samarante
- N. Spinrad, Jack Barron et l’éternité
Classiques
- Truman Capote, De sang-froid.
Le grand classique du polar américain, qui inaugure sa modernité. Le roman de Truman Capote se fonde sur un fait divers – le massacre d’une famille par des rôdeurs, dans une province tranquille des USA. Il produit l’analyse minutieuse des conditions de ce crime, jusqu’à donner le sentiment vertigineux d’une nécessité aussi inéluctable que tragique. Un roman passionnant qui produit l’autopsie d’une société entière.
- David Goodis, Sans espoir de retour.
- Jim Thompson, 1275 âmes, A hell of a woman.
Bienvenu dans l'Amérique telle qu'on l'aime : ils sont bêtes, sales, incultes, méchants et parlent avec une chique au coin de la gueule. Un régal.
- James Ellroy, Le dahlia noir, Le grand nulle part, L.A confidential
James Ellroy est une figure incontournable du roman noir moderne. La plupart de ses romans se situe dans la Californie des années 50 et mixe en cocktail les paillettes du show-biz, le fric, la politique, l’argent sale et la conscience (mauvaise) de quelques flics. Ses œuvres sont aussi l’occasion d’une auto-analyse jamais achevée, celle du meurtre de sa propre mère, retrouvée sauvagement assassinée dans un terrain vague de L.A, alors qu’il était encore enfant.
Contemporains
- G.Dantec, Les Racines du Mal
A déconseiller aux âmes sensibles, comme l’on dit. Une œuvre noire, très noire, qui invite son lecteur à plonger dans le psychisme d’un psychopathe pour le suivre dans les méandres de sa logique délirante, jusqu’aux frontières du fantastique.
- Hervé le Corre, L’homme aux lèvres de saphir
Un polar original qui nous entraîne dans le Paris du XIXème siècle, sur les traces d’un tueur en série, amateur de Lautréamont.
- Jean-Claude Izzo, Total Kheops, Solea, Chourmo
A lui seul, Izzo a bouleversé le genre, tirant le polar français hors des chemins de Maigret. Dans ce triptyque marseillais, on suit l’enquêteur Fabio Montale qui se débat autant avec lui-même qu’avec un monde impitoyable. On ne peut oublier sa voix, son cabanon et son whisky, après y avoir goûté. Ces romans sont puissants, portés par un style captivant. Précision : il faut les lire dans l’ordre car c’est une suite.
- Fred Vargas, tout.
- Montalban, Les Pepe Carvalho, et notamment : Meurtre au Comité central
- Denis Lehane, Shutter Island, Mystic River, Un dernier verre avant la guerre, [Trilogie (à lire dans l’ordre) :Ténèbres, prenez-moi la main, Gone baby gone, Prière pour la pluie ] , Un pays à l’aube.
- Donald Westlake, Dégâts des eaux, Aztèques dansants, Pierre qui roule, Le couperet, Smoke, Drôle de frère, Argent facile.
Un des auteurs de polar qui a toute mon affection. Des romans loufoques, pleins d’esprit, souvent désopilants ou qui retournent contre nos sociétés leur propre violence (« le Couperet »). Comment récupérer un trésor au fond de l’eau quand on a la phobie de cet élément ? Comment des moines naïfs et totalement isolés du monde, alors que leur couvent est situé en plein Manhattan, peuvent-ils résister au monde moderne de la finance ? Comment vivre normalement quand on est devenu invisible ? Que faire, enfin, quand après avoir reçu chaque mois pendant des années des chèques d’un inconnu, l’on découvre qu’il s’agissait d’un cadeau empoisonné ?
- Christopher Cook, Voleurs
Christopher Cook est l’auteur d’un unique roman et le restera sans doute. On ne peut que le regretter, après avoir lu celui-là. Voleurs commence sur les chapeaux de roue et ne s’arrête pas, mettant en scène, notamment, l’un des psychopathes les plus savoureux du genre, ainsi qu’une nana au caractère bien trempé. Il y a quelque chose de Tarentino et des frères Cohen dans ce roman-là.
- David Peace, 1974
Un roman absolument noir, dans une Angleterre où le sordide fait jeu égal avec la barbarie. Un style haché, brutal, sans concession ; une plongée dans un monde désespérant jusqu’à la folie.
- Chuck Palahniuk, Monstres invisibles, Fight club
Une des figures phares de la « jeune » génération. Des romans survoltés et trash.
- Edward Bunker, Aucune bête aussi féroce
Nul ne peut reprocher à Bunker de parler de ce qu’il ne connaît pas : il a passé plus d’une vingtaine d’années derrière les barreaux, pour divers braquages à main armée. C’est sans doute ce qui confère à ce roman sa puissance et son caractère tragique, celui d’un destin qui emporte le narrateur et le fait immanquablement replonger dans le crime.
- J.B Pouy, Spinoza encule Hegel
Eh oui, il fallait oser ! L’histoire de la lutte fratricide entre des bandes de « biker » (à mobylette) dans le contexte de 68, l’une spinoziste, l’autre hégélienne. Mais trêve de salamalecs et de périodes oratoires car c’est à coups de chaîne de vélo qu’on défend ici les positions et les thèses !
- Thierry Jonquet, Moloch, La Bête et la Belle.
Un autre grand représentant du polar français. Moloch est de ces romans noirs qui nous mettent en face d’une inhumanité désespérante et d’une humanité désespérée. La Bête et la Belle est un court roman, qui vaut pour sa chute délicieuse…et c’est pourquoi il ne faut rien en dire !
- Stephen Doblyn, Un chien dans la soupe
Il ne s’agit pas vraiment d’un polar mais d’un roman singulier et foutraque : l’odyssée d’un jeune homme dans New-York, la nuit, qui cherche désespérément à se débarrasser du cadavre d’un chien dont, décidément, personne ne veut. Pourquoi ne pas le jeter dans une poubelle ? C’est là la question qu’il ne se posera jamais ! Ce serait vraiment trop simple…
- George Chesbro, Une affaire de sorciers.
Dans ses romans, Chesbro croise le polar et le fantastique, n’hésitant pas à entraîner son lecteur dans les situations les plus rocambolesques et invraisemblables qui soient. Et cette invraisemblance se rassemble dans son personnage principal : l’inspecteur Mongo, nain de son état, docteur en philosophie mais aussi champion de karaté. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Chesbro nous entraîne loin de la banalité quotidienne…
- Maurice Attia, Alger la noire
- Giancarlo de Cataldo, Romanzo criminale
Une plongée dans la mafia napolitaine. Extrêmement documenté, ce roman explore les méandres d’une pourriture tentaculaire que rien ne semble pouvoir arrêter.
- Stieg Larsson, Millenium I, II et III.
Un best-seller mondial mais (pourquoi pas ?) justifié. L’intrigue est haletante, bien ficelée et les personnages attachants, notamment Lisbeth Salander qui, disons-le, figure en bonne place au panthéon des héros et héroïnes de polar inoubliables. Et puis ce polar s’empare de tous nos gadgets modernes (informatiques et autres bidules) pour leur donner une ampleur dramatique inégalée. A lire sans modération (comme y disent à la télé).
- Ned Crabb, La bouffe est chouette à Fatchakulla.
Un polar nimbé de fantastique : on est au milieu des ploucs du bayou, qui se font délicieusement bouffés par une bestiole affamée. La fin est un peu bricolée, mais bon, quand ça se passe dans les marais de Louisiane, on en redemande toujours.
- Herbert Lieberman, Nécropolis, La nuit du solstice, Le concierge
La force de Liebermann, ce sont ces personnages. L’histoire, il s’en fout. Et tant mieux. Dans Nécropolis, nous suivons un médecin légiste au fil de ses autopsies. Ce pourrait être morbide à souhait, si Liebermann n’avait pas passé un an en compagnie des médecins légistes de New-York et ne maîtrisait pas pleinement le vocabulaire médical. Du coup, le meurtre le plus horrible se transforme en un étrange bouquet de concepts formolés. Un excellent roman. Dans le Concierge – autre très bon roman, on suit le concierge d’un grand hôtel new-yorkais, personnage absolument fascinant par les codes auxquels il a soumis son existence. Enfin, dans la Nuit du solstice, le personnage principal est un hypocondriaque de grand style, accompagné d’un enquêteur obèse et boulimique. Bref, de l’excellente compagnie !
- James Lee Burke, Vers une aube radieuse, [Il est préférable de lire les romans qui suivent dans l’ordre :] Pluie de néon, Prisonniers du ciel, Black cherry blues, Une saison en enfer, Une tâche sur l’éternité, Dans la brume électrique avec les morts confédérés, Dixie City, Cadillac juke box.
L'un de mes écrivains fétiches. James Lee Burke nous fait pénétrer dans l'univers du Sud de la Louisiane comme nul autre, à la suite d'un des héros de polars les plus attachants que je connaisse, Dave Robicheaux, personnage tourmenté par ses démons et qui lutte pour protéger les siens de la bêtise humaine. Par ailleurs, James Lee Burke est un styliste remarquable, capable de descriptions brillantes. Une grande voix du polar moderne.
- Camillieri, La forme de l’eau.
Des polars siciliens qui nous plonge avec bonhommie dans le labyrinthe d’une île où règne, plus encore que la mafia, la proximité et les mœurs ancestrales et où le manichéisme vertueux est une fausse monnaie.
- Kate Atkinson, La souris bleue, Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux.
Comme beaucoup de bons polars, l’intérêt n’est pas dans l’histoire à proprement parler mais du côté des personnages. Les romans d’Atkinson sont drôles et enlevés et pleins de fantaisie.
- Woodrell, Un hiver de glace, Faites-nous la bise, La mort du petit cœur,
Les romans de Woodrell nous plongent dans le Grand Sud américain, des contrées marécageuses, désolées, âpres, où l’on vit et où l’on meurt sans avoir le loisir du lyrisme et de l’élégie. On y vit en clans farouches, impitoyables, et malheur à qui voudrait demander raison d’un crime ou d’une disparition. Les petites filles se font refaire le portrait par leurs taties mais ne pleurent jamais ni ne renoncent pour autant à leur projet. Les flics sont des fils de la rue, en connaissent les lois, et sont souvent aussi foutraques que ceux qu’ils poursuivent. Mais cet univers est aussi celui d’une humanité aussi franche et attachante que sournoise. Ces romans sont, pourrait-on dire, frappés, aussi bien sur le plan de la lettre que de l’esprit.
- Frank Bill, Chiennes de vie
Dans la pure tradition de Thompson, on plonge dans l'Amérique profonde et fangeuse, dans une suite de nouvelles où l'on accompagne des "rednecks" (les bouseux américains - littéralement "cous rouges" comme ceux des dindons) pur malt, mus uniquement par leur cortex reptilien et qui s'entretuent avec entrain. Délicieux.
- Nick Pizzolato, Galveston.
Par le réalisateur de la série "True Detective". Un roman âpre et tragique. L'errance d'un homme de main qui, en dépit de tous ses efforts, ne peut échapper à au destin et à la violence. Une voix puissante qui continue de résonner bien après la lecture.
- Peter May, L'île des chasseurs d'oiseaux, L'homme de Lewis, Le braconnier du lac perdu.
Il s'agit d'une trilogie (A lire dans l'ordre donc). Ecossais, Peter May vous entraîne sur les côtes arides et battues par les vents des Nouvelles Hébrides (îles du Nord de l'Ecosse), à la suite du détective Fin MacLeod, qui se débat avec les fantômes du passé. Comme vous l'avez compris, le "héros" ce sont ces îles, cette terre et ceux qui l'habitent. "L'énigme", c'est une nature indéchiffrable. Et nul détective ne peut en lever le secret.
- Bruce Holbert, Animaux solitaires.
Un polar western, sur les traces d'un justicier pour le moins ambigu. Ce "Far west" est le nôtre. Et Holbert le sait bien.
- Gerard Donovan, Julius Winsome.
Julius est un ermite qui vit loin des hommes, avec ses livres, avec son chien. Seulement, on ne vous laisse jamais tranquille. On ne peut pas vivre caché. Des chasseurs lui tuent son chien. Et là, Julius n'est plus d'accord : fallait pas l'emmerder. Un beau roman sur le bonheur de la solitude et de l'exil volontaire.
- Ryann Gatts, Six jours.
Six jours : six jours pendant lesquels Los Angeles fut à feu et à sang dans les années 90, livrée à elle-même, aux règlements de compte et à la plus extrême des violences. Au travers de récits croisés, Ryann Gatts fait vivre les voix puissantes et humaines des acteurs de ces journées. Une oeuvre coup de poing, sans concession, où retentit le choeur des ignorés, des invisibles.
- Tanguy Viel, Article 353 du code pénal.
Il ne s'agit pas d'un "polar" au sens où il n'y a ni suspens ni rebondissements. Mais une voix unique, forte, humble et révoltée, qui fait le récit d'un crime qui l'a conduit devant un juge et de cet autre crime, silencieux, sournois, que le Droit ignore : le cynisme cupide d'une époque qui sacrifie les hommes sur l'autel du profit.
- Donald Ray Pollock, Le diable, tout le temps.
Un roman noir, noir profond. La terre et le sang se mêlent, on ne peut s'en défaire. Le courage de vivre et la folie meurtrière se côtoient et s'affrontent. A couper le souffle.
- Dolores Redondo, La face nord du coeur
En
général, je fuis les labels "Thriller", car on y a droit à tous les
poncifs (sérial killer, de préférence violeur ou pédophile, tripes et
baignoires de sang, fascination morbide et jeux pervers). Mais là,
c'est autre chose. Bien sûr, il y a les lieux communs du genre, sans
que cela vire pour autant au poncif. Et puis, comme dans tous les bons
romans noirs, le personnage principal, l'enquêtrice Amia Salazar, est
particulièrement attachante. Bref, on passe un excellent moment et on
en redemande.
Récits de voyage et d’aventures
- Daniel Defoe, Les chemins de Fortune, Le grand rêve des flibustiers.
Il a fallu
très longtemps avant que le mystère soit levé et que l'on puisse attribuer ces
oeuvres à Defoe, ce qui accroît encore leur aura. On y suit le destin des plus
grands pirates et flibustiers des XVIIème et XVIIIème siècles,
raconté par l'auteur de "Robinson Crusoé" qui fut leur contemporain. Une oeuvre
qui donne envie de prendre le large et de hisser le drapeau noir, à l'exemple de
ces renégats qui ignorèrent l'ordre et les nations.
- Henry de Monfreid, les secrets de la mer rouge, Les derniers jours de l’Arabie heureuse.
Un des grands écrivains du XXème siècle, trop rapidement relégué au rayon "récits de voyage". Une oeuvre poétique sur un monde disparu. Les "secrets de la Mer rouge" furent une lecture d'enfance inoubliable.
- Alain Gheerbrant, L’expédition Orénoque Amazone
Le récit d'une des plus grande expédition amazonienne dans les années 60 du siècle dernier. De plus une très belle écriture.
- Joseph Grelier, Aux sources de L’Orénoque
- Christian Dedet, La mémoire du fleuve
Une Afrique disparue et insoumise. Un récit émouvant.
- Nicolas Bouvier, L’usage du monde, Le poisson scorpion, Journal d’Aran et d’autres lieux
"L'usage du monde" est une grande oeuvre littéraire et on ne saurait l'enfermer dans un genre. Un "journal" de voyage qui ignore le pittoresque et le clinquant de l'exotisme, une oeuvre humaniste, une écriture remarquable. Qui plonge dans "l'usage du monde" s'égare pour toujours du côté de Tabriz et de la lointaine Perse... Je conseille aussi vivement "le Poisson scorpion" qui est un chef d'oeuvre (mais à lire à la suite de "l'usage du monde") et le "Journal d'Aran", vers les îles perdues du nord de l'Irlande.
- Michel Le Bris, La porte d'or
Sur les traces californiennes des chercheurs d'or, de Stevenson et de Jack London. Une belle écriture, sensible et intelligente.
- John Keay, Voyageurs extraordinaires
John Keay nous entraîne à la suite d'une bande d'aventuriers, tous plus dingues ou mythomanes les uns que les autres. Très drôle.
- Judith Schlalansky, Atlas des îles abandonnés
Que le terme d'Atlas ne vous effraie pas. Judith Schalansky nous raconte des histoires absolument incroyables d'îles égarées. Un support à l'imaginaire que je vous recommande vivement.
- Bill Bryson, Motel blues.
Désopilant : le retour au pays d'un Américain qui avait fui l'horreur et l'ennui de sa nation, pour la retrouver ici dans un journal de voyage caustique et tendre.
- (Du même), Promenons-nous dans les bois.
Tout
aussi hilarant. L'ami Bill, dont les exploits sportifs remontent à la
préhistoire d'une jeunesse lointaine, se met en tête de parcourir
l'intégralité du chemin de randonnée qui traverse les Appalaches aux
Etats-Unis. Magnifique projet...sur le papier. Mais qui devient
beaucoup plus inquiétant quand on se renseigne sur les bestioles,
notamment les ours, les microbes et autres psychopathes, que l'on a de
grandes chances de croiser sur sa route. Et qui devient très improbable
quand on propose à un ami d'enfance, que l'on n'a pas revu depuis des
années, de vous accompagner, et qui, au vu de son embonpoint, est
devenu entre temps un fervent défenseur de la déesse Bière et de ses
rejetons, Chips et Burger. On souffle, on souffre, on rit surtout.
C'est tellement chouette de parcourir 2000 kilomètres à pinces !
Autres
- Desproges, Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des biens nantis, Le manuel du savoir-vivre à l’usage des rustres et des mal polis
Avec
Desproges, l'humour confine au grand art - formule que, soit dit en
passant, il aurait appréciée pour sa vacuité absolue. C'est
politiquement incorrect, très écrit, cruel jusqu'au délice. Le seul
héritier du Dictionnaire de la bêtise de Flaubert.
- Le nuvolaire, Fosco Maraini
Un
petit livre délicieux qui vous met la tête dans les nuages. Car Fosco
Maraini y décrit en effet avec poésie toutes les sortes de nuages,
espèces et sous-espèces.
- Bill Bryson, Une histoire de tout ou presque.
Encore
lui ! Et rien ne l'arrête : il entreprend ici une histoire universelle
des sciences dans un ouvrage aux proportions modestes. Et tous ceux qui
aiment les sciences ou bien que les sciences rebutent devraient l'avoir
lu. Car on ne s'ennuie pas une seconde en compagnie de cet auteur
foutraque qui nous fait rencontrer des scientifiques plus foutraques
encore, et qui nous entraîne sur le chemin de ses obsessions et de sa
fascination pour les catastrophes cosmologiques. Bill Bryson, c'est
Pascal qui aurait l'ivresse joyeuse - pour ce dernier, un autre miracle
aurait été nécessaire.
- Pratt, tout et notamment : Corto Maltese en Sibérie, La maison dorée de Samarcande, Les celtiques.
Un des maîtres de la BD, l'un de ceux qui en a initié le langage. Corto est un personnage très attachant, dandy aventurier, qui porte sur le monde un regard à la fois poétique, amusé et desenchanté.
- Lewis Trondheim, Lapinot et les carottes de Patagonie (le must), Blacktown, Mildiou.
"Les carottes de Patagonie" est une BD cultissime et je suis de ceux qui lui voue un culte : 5OO pages (rien que cela !) d'une BD que Trondheim prétend avoir dessiné "avec le pied", alors qu'il y déploie un talent évident : on suit les aventures d'un petit lapin naïf, entraîné malgré lui dans les jeux de pouvoir du monde, lui qui n'aspire qu'à une seule chose : savourer les fameuses carottes de Patagonie.
- Moebius, L’incal (6 tomes- un chef d’œuvre) et la nébuleuse qui gravite à la suite : Avant l’Incal (bien), Les métabarons (un peu boucherie machiste), les technopères (un peu glacé et déjà vu)
Autre BD cultissime, Le cycle de "L'incal" a fécondé à lui seul toute la BD SF à venir, suscitant de nombreuses reprises et prolongement : le monde futuriste, dans lequel nous plonge Moebius, est un condensé fulgurant de la bêtise et de la barbarie du nôtre. On suit un antihéros, John Difool, commis, bien malgré lui, à sauver l'humanité ou plutôt ce qu'il reste d'humain en l'homme.
- Godard, Ribera, Le vagabond des limbes (Les 10 premiers)
Une BD SF des années 70 qui a tout le charme de son époque, y compris les couleurs criardes (!). Comme dans les années 70, on y très préoccupé de sexe, de liberté et de substances hallucinogènes. Délicieux.
- Rosinski - Van Hamme, Thorgal (jusqu’au n°18), tout particulièrement : Le maître des montagnes.
La BD de toute enfance digne de ce nom. Longtemps, j'ai rêvé d'être Thorgal, comme tant d'autres. A éviter, tous les albums à partir du vingtième qui, malheureusement, sont nuls.
- Tardi, toutes les Adèles, Ici Même.
Le grand anarchiste révolté de la BD. La série des "Adèles" est une merveille d'intelligence, de satire et de fantaisie fantastique et burlesque. C'est délirant et proprement jouissif.
- Charlier – Giraud, Blueberry (tout)
Avec Thorgal, une autre BD d'enfance. Blueberry n'est pas un cowboy à la noix : il rate tout ce qu'il entreprend, il aime les indiens et il picole à longueur de temps. L'évolution du personnage, qui vieillit peu à peu et...prend de la bouteille, est passionnante. Quant au dessin, jamais on a autant figuré des "gueules" singulières en BD : chaque personnage à une gueule pittoresque, patibulaire, notamment dans les albums de la maturité.
- Bilal, La trilogie Nikopol.
Un graphisme et une palette reconnaissable entre tous. Mythologiques et ultra modernes, les BD de Bidal entremêlent les cauchemars de l'histoire et le fantastique.
- Larcenet et Gaudelette, Pedro le coati (désopilant, malheureusement n’ont produit que 2 albums ensemble)
- Larcenet, Le combat ordinaire (excellent), La ligne de front, Minimal, Les aventures rocambolesques de… Freud, Robin des bois, Van Gogh, Attila le Hun, Bill Baroud, Blast
Un des auteurs phares de ces dernières années. Une BD rock, punk (Larcenet est fan de NOFX), soit délicieusement bouffonne et comique ("Bill Baroud"...), soit sublime et désespérée ("Le combat ordinaire", "Blast"). "Blast" restera, aussi bien sur le plan graphique et narratif, comme l'un des monuments de la BD. On peut, sans exagérer, parler de chef-d'oeuvre à son propos.
- Dupuy et Berberian, Monsieur Jean (les trois premiers)
- XIII (à l’exception des derniers)
Palpitant. Un classique : un homme seul à la poursuite de sa mémoire sur fond de complot politique, financier, militaire, etc...
- Fred, Philémon (tout)
Une "vieille" BD sans doute mais la
plus poétique de toute. Lire "Philémon" , c'est retrouver l'enfant qui rêve et
qui sait qu'au fond de chaque encrier se cache un monde merveilleux.
- J.P Duffour, La déchéance du spermatozoïde.
Dans la mouvance des BD intimistes (où abonde le pire), celle-ci tranche par son humour désespéré. Je ne sais pas, malheureusement, si elle est encore éditée.
- Sardon, Mormol, Crevaison, Nénéref.
Même question : est-ce encore édité ? Pourtant, le graphisme est génial dans l'obsession du détail envahissant (Crevaison) et "Néneref" est un bijou de bouffonnerie sur nos chers grands écrivains.
- Marc Antoine Matthieu, Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves (tout), Mémoire morte, Dieu en personne.
Un des auteurs de BD les plus inventifs et révolutionnaires, qui élève le genre à la hauteur d'un Art majeur, avec plein de grosses majuscules. Ouvrir une BD de Marc Antoine Matthieu est une expérience intégrale : on y découvre des spirales infinies, des pages (volontairement) déchirées, des albums que l'on peut lire dans tous les sens, des passages en 3D (chaussez vos lunettes), des cases manquantes (trou dans la page !) etc. De plus, c'est intelligent et passionnant, traversé par des paradoxes mathématiques, physiques, métaphysiques. Avec Chris Ware (cf. plus bas) nul ne pousse aujourd'hui les possibilités de la BD aussi loin.
- Schuiten et Peeters, tout et notamment toutes les Cités obscures : La tour, Les murailles de Samaris, La fièvre d’Urbicande, Brüssel.
A l'instar du grand roman d'Italo Calvino, "les villes invisibles", Schuitten et Peeters construisent des villes imaginaires, qui sont autant de mondes fascinants et poétiques. Le dessin est sublime.
- Pierre et Frank Le Gall, La fin du monde et autres petits contes noirs, La biologiste n’a pas de culotte
Beaucoup d’esprit et de finesse, comme ne le laisse pas présager le second titre. Un graphisme en ombres chinoises très original.
- Hiram Lowatt et Placido dans, La révolte d’Hop-Frog
- Franquin, Spirou (du 7 au 19) notamment le fabuleux Nid du Marsipulami ; sinon de Franquin toujours : Idées noires
La série des "Spirou" (celle de Franquin : on ignorera ces prétendus continuateurs, qui en trahissent l'esprit), c'est Bakounine pour les enfants. Derrière l'apparence enfantine du dessin et des intrigues, Franquin dissémine un esprit d'insolence, de méfiance vis-à-vis de toutes les autorités et de rébellion. A mettre dans les mains de tous les enfants, impérativement.
- Boucq, Les pionniers de l’aventure humaine, Les aventures de la mort et de Lao-tseu
Chez Boucq, les voitures ont des états d'âme et souffrent de complexe d'infériorité. Quant à la mort (personnifiée en faucheuse, cela va de soi), elle se promène sur les plages avec son cochon Lao-Tseu, pour contempler toutes ces morceaux de viande qui seront bientôt grillés à point pour la rejoindre...
- Diaz – Guardino, Blacksad
Les trois premiers opuscules de "Blacksad" sont très bons ( après, il faut oublier...) : bienvenu dans la fable d'une humanité où chacun trouvera son animal totem, du rhinocéros au ouistiti.
- Frank Cho, Psycho Park
- Chris Ware, Jimmy corrigan, the smartest kid on the earth, L'acme novelty, Building stories
L'une des oeuvres les plus orginales de toute l'histoire de la BD. Chaque album de Ware est un véritable Ovni, un objet d'art, étonnant et plein de surprises. Le dernier (malheureusement introuvable en France et non encore traduit) est absolument délirant : c'est une boîte (à trésors) où l'on peut construire sa propre BD à partir des formats les plus incongrus, du journal à la miniature.
- Otomo, Nomu
Un excellent Manga, qui transcende le genre.
Comics : Frank Miller, la prodigieuse série de Sin City (un graphisme grandiose), Marvel Zombies, the Watchmen, Wanted.
Mangas : Dragon Ball (évidemment), Akira (idem), Gunm (prodigieux), One Piece (the best) et, dans le désordre : GTO, Zetmann, Dr Slump, Get Backers, Katsuo, Twentieth century boy, Starway to heaven, Pluto.
Dans la collection Photopoche, les numéros consacrés à :
Cartier-Bresson, Josek Koudelka, Edouard Boubat, Marc Riboud, Rober Capa, Joel Peter Witkin, Willy Ronis, Salgado, Gilles Caron, Raymond Depardon, Bill Brandt, Umbo, Weegee, Eugène Smith, Bischof, Lewis H. Hine, Mary Ellen Mark, Saul Leiter, Etc.