ORIENTATION EN CLASSE DE SECONDE LES NOUVEAUX DEBOUCHES DE LA FILIERE LITTERAIRE
I/ Etudes Littéraires : une voie d’avenir On s’étonnera sans doute d’un titre si radieux. En effet, les études littéraires ont eu pendant longtemps (et non sans raison) mauvaise réputation, vu la pauvreté et le caractère indéfini de leurs débouchés, aussi bien en terme d’études supérieures que de perspectives professionnelles. Or, une réforme de fond, initiée par le Ministère de l’Education Nationale depuis la rentrée 2007, est en train de bouleverser complètement cette situation. Cette réforme ouvre de façon spectaculaire les débouchés des Classes Préparatoires Littéraires, au point qu’aujourd’hui les possibilités d’accéder à des grandes Ecoles au terme de ces études sont supérieures aux Classes Préparatoires Scientifiques. Il va de soi par ailleurs que ces nouveaux débouchés font désormais des études Littéraires une filière d’excellence pour les étudiants qui prétendent à des professions prestigieuses.
La suite de ce dossier fait état de cette « révolution », et cela afin d’en finir avec le préjugé selon lequel il n’y aurait pas de salut en dehors des études scientifiques. Cette réforme donne l’opportunité à des élèves ayant le goût de ces études et les qualités qu’elles exigent de s’y consacrer pleinement sans craindre pour leur avenir, tout au contraire. De « voies de garage », ainsi que l’on a pu longtemps les estimer, les Etudes Littéraires sont devenues désormais des voies d’excellence à part entière.
2/ La réforme des Classes Préparatoires et des Concours Littéraires
De la même façon que les Classes Préparatoires Scientifiques, les Classes Préparatoires Littéraires se déroulent sur deux ou trois ans, la finalité de ces études étant, en priorité, de présenter le concours des grandes Ecoles.
Par le passé, les classes Prépas Littéraires (surnommées Hypokhâgne et Khâgne) avaient pour seul débouché direct le Concours des Ecoles Normales Supérieures (Paris, Lyon, Cachan). Compte tenu du nombre réduit d’admis à ces concours prestigieux, rares étaient les élèves qui pouvaient espérer l’obtenir, ces écoles étant comparables à ce que sont Polytechnique ou Centrale pour les filières scientifiques.
Or, la réforme de 2007 a bouleversé cette donne. Désormais, les étudiants des Prépas Littéraires se préparent à un Concours commun, qui permet de rejoindre au total plus de 50 établissements différents ! Parmi ces nouveaux débouchés, certaines Ecoles comptent parmi les plus recherchées parmi les étudiants, littéraires ou autres. Ainsi, ce nouveau concours permet d’intégrer les grandes Ecoles suivantes, entre autres :
-SCIENCE-PO (Aix, Lille, Rennes et Toulouse, etc., y compris SCIENCE-PO Paris) - Les Ecoles de Commerce du Concours BCE (HEC, ESSEC, ESCP-EAP) - Le CELSA (Ecole supérieure de journalisme et de communication de Paris) - L’ Ecole des Chartes - L’ESIT (Ecole de traduction et d’interprétariat de Paris III) - L’ISMAPP (Institut supérieur du management public et politique) - Les écoles de commerce du concours Ecricome (BEM, EUROMED, ICN, etc.) - L’ISIT (Institut de management et de communication interculturels) - ESM Saint-Cyr …pour ne citer que les plus remarquables…
(Nota Bene : cette liste est en constante évolution et d’autres établissements auront peut-être rejoint ce Concours commun au moment où vous prendrez connaissance de ce dossier. Je vous conseille de vous référer aux sites Internet de référence pour prendre la mesure de cette évolution, tel que le site de l’Etudiant)
Au-delà des Grandes Ecoles, la formation en Prépas Littéraires permet d’obtenir des équivalences à l’Université dans les divers cursus des humanités (Histoire, Lettres, langues, etc.) ou en Faculté de Droit (équivalence de la première année). Notons que le taux de réussite dans le cursus universitaire des étudiants venant de Prépa est très supérieur aux étudiants du cursus normal. Par ailleurs, les étudiants issus de ces classes ont beaucoup plus de chance d’obtenir les Master pro les plus sélectifs (information, ent du Lycée Saint-Sernin)
3/ Poursuite d’études et débouchés professionnels
Cette réforme du Concours commun donne désormais l’opportunité aux étudiants de ces classes Préparatoires d’accéder à des cursus d’excellence et des professions variées.
- Ainsi (et tel que c’était déjà le cas avant la réforme) les Ecoles Normales Supérieures préparent leurs étudiants soit aux métiers de la recherche et de l’enseignement universitaire (via l’obtention de l’Agrégation et d’un Doctorat), soit à une multiplicité de professions dans le secteur culturel, voire politique (via notamment une poursuite d’études à l’ENA). Notons que les étudiants de ces écoles prestigieuses sont rémunérés pendant toute la période de leurs études. L’école des Chartes, quant à elle, prépare ses étudiants aux métiers de la recherche historique et de la conservation du Patrimoine : historien chercheur, conservateur de musée, gestionnaire des archives et des biens culturels, etc.
- Les IEP (Science-Po) offrent à leurs étudiants un enseignement général en Droit, politique, économie, sociologie, etc., qui les oriente par la suite vers les concours et métiers du Droit, de la gestion des ressources humaines et culturelles, de la politique, du journalisme, etc. Au cours de leur cursus, les étudiants font un stage de six mois à l’étranger pour compléter leur formation. Les métiers auxquels ils sont préparés sont extrêmement divers. En voici une liste non exhaustive : juriste, avocat, journaliste, administrateur culturel, carrières politiques, carrière diplomatiques (attachés d’ambassade, etc.), gestionnaire d’association, etc., etc.
- Les Grandes Ecoles de Commerce préparent leurs étudiants à des professions bien connues, qui vont du Commerce aux métiers de la Communication, la palette des professions possibles étant en la matière extrêmement étendue. Est-il nécessaire par ailleurs de souligner la renommée d’une Ecole telle que HEC qui participe à ce Concours Commun ? Depuis longtemps d’ailleurs cette Grande Ecole avait émis le désir de recruter plus d’élèves venant de Prépas Littéraires, compte tenu de leurs compétences, et est en grande partie à l’origine de cette réforme. - L’ESM Saint-Cyr prépare ces étudiants aux métiers du renseignement militaire, de l’expertise géopolitique, etc.
- Enfin, comme le laisse entendre clairement entendre le nom des Ecoles citées plus haut, ces étudiants peuvent aussi intégrer des Ecoles de journalisme et d’interprétariat, qui les préparent aux métiers en question.
4/ Place aux Chiffres
L’extension du Concours a eu pour effet remarquable ces deux dernières années d’accroître de façon spectaculaire le nombre d’étudiants de ces filières ayant obtenu une Grande Ecole au terme de leur cursus.
Ainsi, les Prépas en tête de Palmarès, dont fait partie le Lycée Saint-Sernin à Toulouse (classé 7ème sur ce Palmarès) ont intégré plus de 50 % de leurs étudiants et jusqu’à 70 % pour les établissements en tête de Palmarès ! Ces chiffres, soulignons-le, sont analogues, voire supérieurs au pourcentage d’intégration des Prépas Scientifiques.
Est remarquable sur ce point le nombre de places considérables que les 9 IEP réservent désormais aux étudiants de ces Classes Préparatoires. Selon les chiffres relevés par le Lycée Saint Sernin, ce nombre est de 900 places !
Ce qui fait désormais des Classes Préparatoires Littéraires la voie privilégiée pour accéder à Science-Po, notamment Science-Po Paris.
Pour plus de précision, je vous invite à consulter le site Internet du magazine l’Etudiant, notamment la page consacrée au « Palmarès des classes préparatoires 2012 » (en attente des publications de 2013), ainsi que le site du Lycée Saint Sernin, où de nombreuses précisons sont apportées sur les Grandes Ecoles qui participent à ce Concours, ainsi que les places qu’elles offrent aux étudiants.
4/ Conclusion
Le but de ce dossier était d’apporter des éléments de réflexion aux élèves de Seconde en vue de leur prochaine orientation. Avant cette réforme, il est clair que les élèves se détournaient (non sans raison) des filières littéraires et privilégiaient les filières scientifiques, craignant de s’orienter vers des filières pauvres en débouchés, et cela quand bien même leurs résultats et leur goût les disposaient à ces études. Or, cette inquiétude n’a plus lieu d’être. Si les classes préparatoires littéraires sont sélectives comme les prépas scientifiques, elles préparent désormais, tout autant que ces dernières, à des études et des métiers d’excellence d’une grande diversité. D’autre part, le nouvel attrait pour le concours, du fait de cette réforme, va sans doute restreindre la possibilité pour des élèves venant de classe scientifique de pouvoir prétendre à l’admission dans ces classes préparatoires littéraires. Il faudra donc faire un choix. Le point essentiel est le suivant : un élève qui s’oriente en filière littéraire peut aujourd’hui avoir l’ambition légitime d’un parcours d’excellence et de professions prestigieuses. Aussi, si les équipes pédagogiques ont pu constater les années passées, lors des conseils de classe de Terminale S, le cas d’élèves ayant des résultats très satisfaisants dans les matières littéraires et moyens, voire médiocres, dans les matières scientifiques, ces erreurs d’orientation n’ont plus lieu d’être motivées par un quelconque préjugé sur les filières littéraires, désormais sans fondement.
C’est pourquoi il m’est apparu nécessaire autant qu’urgent d’en informer chacun de vous, élèves et parents, afin que vous ayez tous les éléments nécessaires pour faire un choix d’orientation,
Cordialement,
Jean-Marc Gaté (professeur de philosophie, Lycée Pierre Bourdieu, Fronton)
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